Un vrai Dieu du stade by Lange
Auteur:Lange [Inconnu(e)]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: HQN
Publié: 2015-09-18T22:00:00+00:00
Elle fut saisie soudain dâune pointe de regret qui se transforma en une envie de le cajoler, de le rassurer, de lui dire que ce nâétait pas ce qui comptait. Mais bon, dommage quand même⦠Il était tellement bien bâti quâelle nâavait pas imaginé quâil nâen soit pas partout de même.
Arrachée brutalement à ses rêveries par cette petite contrariété qui lui donnait des envies de se gifler, elle entendit Arnaud demander à Hugo de prendre une attitude sexy. Que pouvait-il faire de plus ?
Tout, en lui, lâétait déjà ! Il obéit cependant, singeant lâair des top models, et les gratifiant dâune suite de mimiques au comique irrésistible qui fit rire aux éclats lâassistance, elle y compris. Il rit à son tour, révélant des dents dâune blancheur impeccable.
Il était drôle, indubitablement, ce qui pouvait la séduire â plus peut-être que ce que contenait son slip ! Elle maugréa. Ses copines nâarrêtaient pas de lui dire que la taille était un critère de choix, que la révolution était en marche. Le désir des hommes dâavoir entre leurs mains des bonnets D et E avait enfin son pendant au féminin. « Big Is Beautiful » était un slogan qui, selon elles, devait fonctionner dans les deux sens. Bon, au moins, avec ses petits seins à elle, ils seraient parfaitement assortis.
La bonne humeur sâestompa et chacun reprit le travail avec sérieux. Dans lâeau, Hugo se conformait à ce que le photographe attendait de lui. Son regard prit une lueur de séducteur, celle qui traque au plus profond de lââme lâinfime étincelle dâattention en pleine éclosion, sây agrippe et la fait chavirer sans aucune chance de rémission.
Clémence sentit son cÅur bondir ; il voulait sortir de sa poitrine, se jeter dans les bras de Hugo. Ses yeux bleus nâétaient plus que tentation⦠Fini le ciel limpide et inoffensif. Ils étaient à présent chargés dâélectricité, un orage approchait, celui de la sensualité.
Comment rester de glace face à ce beau mâle innocent qui sâétait soudain transformé, transfiguré en une bête appelant au sexe ? Une douce sensation montait en elle, sa gorge était sèche, tandis que dâautres régions de son corps se paraient dâun voile dâhumidité.
Et elle avait chaud, horriblement chaud ! Quant à Stéphane, il semblait avoir le plus grand mal à cacher son trouble : Hugo parlait à toutes les hormones, incontestablement.
â Maintenant, avance vers les marches, gravis-en une, et reste en position.
Sa cuisse puissante ruisselait ; des perles cristallines sâaccrochaient à sa peau dorée ; des filets dâeau couraient sur ses mollets joliment bombés. Du côté où elle se tenait, elle ne pouvait voir, hélas, ce quâil gardait jalousement entre les jambes. Ses cuisses devaient valoir cinq fois les siennes. Et le profil de ses fesses à la fermeté inégalée lui faisait regretter son propre manque dâexercice. Et sâil lâentraînait ?
â Câest dans la boîte ! fit Arnaud, abandonnant son appareil photo.
De courts applaudissements saluèrent le photographe et son modèle. Clémence fourra le peignoir dans le creux de son bras, se joignant à lâovation vibrante de félicitations qui résonnait contre les murs.
Elle sentit soudain un mouvement brusque. Stéphane venait de lui extirper lâexcuse qui lui aurait permis de voir Hugo nu. Il se dirigea vers lui, tout sourire, bras tendus, le vêtement de bain prenant des allures de voile gonflée par le vent. Un fabuleux paravent : pas une ombre nâen filtra !
â Alors, comment jâétais ? lui demanda Hugo, en arrivant à sa hauteur.
Magnifique !
â Professionnel.
â Jâétais quand même mal à lâaise.
â Rassure-toi, ça ne sâest pas vu.
Même si elle avait interprété son petit cinéma comme un moyen de se détendre.
â Tu es vraiment gentille ou câest la présence de tes patrons qui veut ça ?
â Mes patrons, assurément. Rappelle-toi : je suis une chieuse.
Il lui sourit.
â Hugo ! lâappela Arnaud. Viens voir ce que ça donne.
â Jâarrive.
â Nâoublie pas de lui dire que jâai été très aimable.
â Je nây manquerai pas ! dit-il en la laissant.
Il croisa Stéphane qui lui adressa son plus beau sourire.
â Je croyais que tu étais en couple, lança-t-elle, quand il sâarrêta devant elle.
â Mais je ne tâai jamais dit que jâétais aveugle. Ce nâest pas parce quâon est au régime quâon nâa pas le droit de regarder le menu.
â Et il tâa plu ? sâenquit-elle, lâair de rien.
â Je croyais quâil ne tâintéressait pas, dit-il, les yeux pleins de malice.
â Eh bien, disons quâil est gentil garçon.
â Seulement gentil ?
â Beau aussi.
â Et que fais-tu de ton envie de garder des rapports professionnels avec les gens que tu côtoies au boulot ?
Envolée face à tant de beauté !
â Disons que jâévalue différemment la situation. Et puis, je ne serais pas une vraie photographe si je ne cédais pas aux charmes de mon modèle.
â Comment tu vas tây prendre ?
â Justement, câest bien là la question. Le shooting est terminé, et je ne vois pas comment prolonger cette rencontre.
â Surtout que tu es en mission, lui rappela-t-il.
â Je sais que tu as raison et que jâai tort de ne pas en profiter, surtout si tu crois que je lui plaisâ¦
Elle avait bien assimilé son sermon.
â Je ne le crois pas, jâen suis persuadé.
â Jâaimerais en être aussi certaine que toi !
â Tu savais quâil a ton nom tatoué sur le pénis ?
Elle le réprimanda du regard.
â Je nâai pas pu le voir, étant donné que tu mâas volé ma place.
Il lui jeta un regard amusé.
â Il y a un moyen de te rattraper.
â Comment ça ?
â Arnaud organise toujours un cocktail après une journée de séance photo pour le calendrier. Rien dâextravagant. Une petite réunion avec ceux qui étaient présents. Et devine quoi ?
â Quoi ?
â Tu fais partie des invités. Clémence, ma chère, bienvenue chez les VIP ! Elle est pas belle la vie ?
Si, surtout quand elle mettait sur sa route un Hugo Blancard et que ce dernier lui lançait au même instant un regard profond. Elle se laissa alors aller à rêver un instant⦠Peut-être, oui, peut-être, pouvait-il lui porter un petit intérêt. Et lorsquâil tapa sur lâépaule dâArnaud avec un petit sourire poli, puis fondit sur elle avec une expression tout autre â de la tendresse ? â, elle sentit son cÅur se serrer, sâaffoler.
â Tu viendras au cocktail, ce soir ?
Au son de sa voix, elle eut lâimpression que Stéphane avait peut-être vu juste.
â Oui, répondit-elle tout doucement.
Il lui sourit de nouveau et la quitta sur un « à ce soir » qui résonna en elle comme le plus beau des échos, un refrain entêtant qui pourrait très bien se répéter des nuits durant. Il la rendait totalement folle !
Elle lui rendit un sourire timide, sous le charmeâ¦
â Quand je te disais que tu lui plaisais ! lui glissa Stéphane à lâoreille.
Remuée par ce qui commençait à devenir une certitude, elle se prit à espérer des prolongations, au-delà de la soirée.
Stéphane frappa alors dans ses mains et la bulle éclata. Retour à la réalité, la journée de travail nâétait pas terminée. Un autre éphèbe allait débarquer, déployer son physique athlétique, sa photogénie, mais les yeux de Clémence ne voyaient à présent que Hugo, Hugo qui finirait par lâenvoyer sur un brancard tant les battements effrénés de son cÅur accompagnaient chacune de ses pensées.
Elle tenta de se focaliser sur le shooting suivant, déterminée à donner le meilleur dâelle-même.
Lâesprit engourdi par la réminiscence de son beau visage, elle ne vit pas le temps défiler, ni les pauses évocatrices se succéder dans un crépitement de flashes aveuglants, ni les modèles interchangeables et dâun esthétisme singulier se passant le relais. Il y en avait décidément pour tous les goûts, et elle avait trouvé celui qui correspondait au sien.
Enfin, elle ne lâavait pas encore testé pour être sûre que cela lui plairait, mais elle nâétait pas réfractaire à lâidée. Son dernier petit ami avait su la satisfaire ; le tout était de savoir sây prendre. La taille nâavait en définitif aucune importance. En théorie du moins.
Mais⦠? Est-ce quâelle était en train de sâimaginer coucher avec lui ?
Oui.
Le voir nu avait parlé à sa libido en des termes insoutenables. Elle était un être doué de sensibilité, dâémotion, dâenvie. Le sexe en faisait partie. Et puis, elle était une jeune femme dâaujourdâhui, en quête perpétuelle dâégalité. Il fallait rééquilibrer les rapports, briser les tabous et les interdits. Enfin, câétait le discours de ses copines, tout comme le « B.I.B. ».
« Big Is Beautiful », tu parles dâun mouvement révolutionnaire !
Lâidée était rigolote, mais parviendrait-elle à dépasser la vision classique et tenace du prince charmant et de la pure demoiselle en détresse ?
Où est-ce quâelle se situait, dans tout ça ?
â Câest fini pour aujourdâhui. Merci à tous, déclara tout à coup Stéphane, la sortant de ses réflexions.
Des claquements de mains retentirent.
Stéphane sâavança vers elle.
â Tiens, ton portable⦠Rentre chez toi, et fais-toi belle.
â Maisâ¦, fit-elle, reprenant son appareil. Je dois encore ranger le matériel.
â Ne tâen fais pas pour ça. Si jâai pu tout retirer moi-même de la fourgonnette, je pourrais facilement tout y replacer. Et puis, ce nâest pas moi qui ai obligation dâêtre éblouissante, ce soir.
â Tu ne me mets pas du tout la pression !
â Je ne mâen fais pas pour toi, tu trouveras certainement de quoi lâéblouir. Il était déjà charmé de te voir dans tes guenilles.
Clémence pouffa.
â Vraiment, tu ne mâaides pas !
â File !
â Merciâ¦
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